SERIE IEP - Toute la semaine, LibéLyon ouvre ses colonnes aux étudiants de la première promotion de la spécialité "Journalisme, médias et territoires" de l'Institut d'études politiques (IEP) de Lyon.Trois questions à Lahouari Addi, professeur à l'Institut d'études Politique de Lyon…
Quelles sont les grandes étapes de l'histoire de la Kabylie ?
Deux traits caractérisent la Kabylie. Premièrement, sa proximité de la ville d'Alger qui a toujours été, depuis les Turcs, la capitale du pays. Deuxièmement le fait que c'est une région montagneuse et par conséquent rebelle au pouvoir central d’Alger. Sous la colonisation, du fait de la pauvreté de la région, les Kabyles ont émigré en France dès 1914. C'est pourquoi plus de la moitié des Algériens émigrés en France sont originaires de la Kabylie.
En Kabylie, existe-il une action militante ? Comment se structure-t-elle ?
Il y a une forte action militante en Kabylie. La région a donné naissance à deux partis dits sécularisés, le FFS et le RCD. Le premier est opposé au régime et estime que les élections sont la seule solution, même si elles doivent profiter dans un premier temps aux islamistes. Le second s'est allié au régime pour combattre les islamistes.
Y a-t-il beaucoup de tensions politiques entre Berbères et Arabes ?
Les tensions politiques entre Arabes et Kabyles n'existent pas. Les Kabyles considèrent les « Arabes » comme des berbères arabisés. Il y a par contre le régionalisme parce que l'Algérie, société traditionnelle, est nourrie de culture patriarcale et d'ethnocentrisme. Chaque région se croit plus algérienne que toutes les autres. Cette compétition existe y compris entre villages kabyles. Les historiens coloniaux ont appelé ce phénomène « l'anarchie berbère ».
(1) Auteur des Mutations de la société algérienne, éditions La Découverte, 1999.